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sévères échos

20 octobre 2008

black minou

L’autre soir, avec Élodie, on a décidé qu’on allait danser au Chat Noir, pour que je vois ce que c’est, pour que je me décoince.

Alors, qu’est ce ? Une boîte de nuit. Ca ne mérite pas plus de détails, oui, boîte de nuit suffit.

Vers 3h du matin, je commençais sérieusement à fatiguer de la gambette et du pied, à force d’être debout et de me trémousser. J’aperçois alors des canapés rayés effet peau de tigre, (esprit baroque décadant) tout autour d’une petite table basse décorée par une bouteille de Mumm. Personne sur la banquette un, ni sur la banquette deux, ni sur la banquette trois, pas plus que sur la banquette quatre. Néanmoins, quelques vautours, par la vue du Champagne alléchés, rodent non loin. Je m’installe donc sur le coin droit d’une banquette, histoire de ne pas gêner, mais j’allonge les jambes, parce qu’il ne faut pas exagérer. Les vautours me regardent, je leurs souris « allez y les gars asseyez vous, pas de problème ».

Un des vautours, le mâle, s’éclipse. Tiens, mais un gorille, un vigile s’amène, il a l’air bien mécontent, il se dirige vers moi, et sans un mot, seulement par des signes, comme si j’étais une imbécile notoire, me signifie que je ne suis pas à ma place sur ce sofa. Quid de la galanterie?

Humiliée je me lève, et tiens tiens , le vautour mâle et sa vautourette s’installent, l’air heureux, dans ce qui était finalement LEUR nid en peaux de tigre. Ce qui s’est passé c’est que le gros bœuf de vautour a économisé tout le mois en mangeant des pâtes winny avec sa groniasse pour pouvoir lui en mettre plein la vue en lui offrant du champ en boîte de nuit, et du Mumm SVP, et encore heureusement que ça touche les APL, sinon ça aurait été du Nicolas Feuillate et puis c’est tout. Jdis ça jdis rien mais il aurait mieux fait de s’acheter des chaussures neuves et une robe à sa nana parce que c’est bien la peine de boire du champagne en jean pourri et chaussures usées. L’idée du luxe chez les étudiants nancéens est aussi borgne que celle des étudiants rémois, mais là où je suis abasourdie, c’est que ce bœuf soit allé chercher le gros gorille pour me faire gicler de son périmètre alors qu’il aurait pu simplement me dire de dégager. Comme si j’étais une menace, moi avec mes 54 kg. Enfin, il a bien fait d’appeler le videur, il a pu humilier, se sentir powerful, pour une fois, même s’il est moche, pauvre, et que sa copine a de petites jambes. Et moi madame, bien dans ma classe moyenne, je sirote ma vodka cerise, et je regarde la vautourette danser à coté de la table, les bras en l’air, pour allonger sa silhouette.

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20 octobre 2008

floutage

Je suis floue, je n’ai plus de contours, ou presque. Ils s’estompent dans la rousseur de l’automne, ils sont balayés par les vents précoces de l’hiver.

On me trouve calme, voir léthargique, c’est la rendormance, une fois de plus, avant la mauvaise saison, qui suit un trop bref éveil.

Il est vrai que je suis très calme, le regard vide, les gestes lents, je tolère mieux la bêtise humaine, la foule, les promiscuités. Quand mon nom est prononcé, il résonne à mes oreilles comme un son indistinct des autres, il me faut alors plusieurs secondes pour l’assimiler à mon identité et me remémorer qu’il me désigne.

Je ne sais pas vers quelle finalité je me dirige, lorsque je me pose fugacement la question, elle me donne le vertige, mais un vertige que je me surprend à observer d’un œil extérieur.

Les personnes qui me renvoyaient mon identité sont loin et aujourd’hui je découvre combien l’on peut représenter si peu de choses face à soi même, combien l’on peut oublier ce que l’on vaut, ce que l’on aime quand on n’a plus personne à qui en faire la démonstration.

Il n’y a plus rien dans la mémoire de ma calculatrice scientifique. Cinq ans de brèves de scolarité effacées, qui traînent désormais dans le néant. Par ironie sans doute, le même jour, tous les messages de mon téléphone portable ont connu un sort identique car j’avais omis de verrouiller le clavier. Trois ans de preuves d’une certaine vie sociale, d’une existence reconnues par quelques êtres. Cela ressemble à un coup du sort, pas dépourvu d’humour je dois dire, un « coup de pouce » déclareraient certains, pour redémarrer une vie sur une page vierge. Mais je n’ai jamais vu les choses ainsi, je suis loin de me vouloir éthérée, avant tout je ne suis sereine que lorsque je me sens ancrée, à différents points, qui peuvent etre de natures multiples. Bribes du passés sous formes de livres, de souvenirs, de personnes, de dates, d’objets et papiers en tout genre, que je conserve, dans tous les coins parce que je n’aime pas jeter.

Ne serait-ce qu’une allumette consumée pour embraser la mèche d’une bougie. Au préalable je la pose quelque part, comme un sursis pour elle, avant de prendre la décision qu’elle rejoigne la poubelle. Plus les choses restent posées à un endroit et plus il m’est difficile de m’en séparer, même si elles ne valent rien, elles appartiennent chaque minutes un peu plus à mon environnement, et au temps qui passe et me rattachent donc d’autant plus à l’atmosphère ambiante.

A cela s’ajoute un goût certain de la nostalgie, mon premier tube de dentifrice dans cet appartement continue sa vie dans ma salle de bain même s’il est vide.

Quelle période de son existence aura été la plus utile à la mienne?

Lorsqu’il me permis de me brosser les dents ou bien sa présence actuelle qui, à l’image d’un compteur, m’indique depuis combien de temps je suis ici? On dirait bien que j’ai décidé de compter le temps en tube de vademecum.

Ou bien je le garde parce qu’il me remémore mon arrivée, je l’avais emporté de chez moi, à Reims. Il me fait savoir que je viens de quelque part.

J’ai de l’amour pour l’autarcie, pour la façon dont le temps peut se contenter de patiner les choses lentement, de leur donner un cachet sans toutefois les brusquer, les changer radicalement avec violence, comme il aime à le faire le plus souvent. Je crois que c’est cette préférence pour la lenteur, la redondance, les repères modestes et les actions modérées qui m’empêche contre toute attente de me trouver heureuse.

Plus spectatrice qu'actrice dans cette nouvelle ville.

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